Si l’utilisation des thérapeutiques complémentaires est plébiscitée par une majeure partie de la population, la médecine intégrative reste controversée par les tenants d’une science érigée en religion. Elle est cependant un incontournable de la médecine de demain.
Le premier colloque de santé intégrative, réunissant plus de 400 personnes, s’est déroulé le 23 septembre 2022. Cette réunion interprofessionnelle a été organisée à l’initiative du Dr Alain Toledano, directeur de la chaire de santé intégrative au Conservatoire national des arts et métiers.
Différents constats ont été mis en évidence :
• Le champ de la santé se situe entre la prévention et la réhabilitation.
• La médecine doit être centrée sur le patient qui devient expert.
• Le manque de lien et le cloisonnement entre les sachants est préjudiciable au patient.
• La médecine intégrative, par sa pratique pluridisciplinaire, crée du lien.
• Le coordinateur du parcours de santé devient un acteur clé
Pourquoi une médecine intégrative ?
La médecine moderne a fait reculer le risque mortel des maladies graves. Si elle sait beaucoup mieux soigner l’organe, elle s’éloigne de l’humain dans sa globalité somato-psychique. La médecine intégrative, qui allie cette médecine moderne aux thérapeutiques complémentaires, représente l’avenir d’une prise en charge globale de la personne.
Le patient est au centre de la prise en charge médicale. Il doit participer aux décisions thérapeutiques et devenir responsable de sa santé et pour cela être instruit en termes de santé et accompagné dans la maladie.
Selon un témoignage patient, la solitude dans la maladie et la sensation de non écoute des soignants sont des constats quotidiens. Un temps d’écoute, de définition des besoins des patients et non seulement des certitudes des médecins, permettrait une meilleure prise en charge.
Cependant, il reste très difficile d’avoir connaissance des différentes aides possibles et des praticiens compétents. Beaucoup de médecins restent réticents à l’information sur ces possibilités complémentaires, pénalisant les patients dans la connaissance de ces thérapeutiques. La polémique mise en place par les opposants dogmatiques aux thérapeutiques complémentaires rend difficile une information objective.
La médecine intégrative peut intervenir en amont de la maladie en aidant à garder une bonne santé et en aval pour permettre un meilleur retour à la santé. De nombreuses études ont montré l’intérêt de l’activité physique adaptée, de la nutrition et de l’accompagnement psychosocial dans le pronostic du cancer.
La médecine intégrative : un support relationnel.
Le cloisonnement des sachants est un frein à un soin global de la personne.
L’inverse de la différenciation, c’est l’intégration. Pour une bonne prise en charge, l’organisation de la pluridisciplinarité est indispensable. Le fonctionnement de l’Institut Raphael, dirigé par le Dr Toledano en est un exemple. Proposant des soins de support en cancérologie et dans les maladies chroniques, il rassemble diverses thérapies dans des domaines aussi variés que la psychologie, les approches psycho-corporelles (hypnose, sophrologie), l’art-thérapie, les médecines traditionnelles dont l’acupuncture et l’homéopathie ou l’activité physique adaptée. Le patient est orienté en concertation en fonction de ses besoins.
Selon le Dr Isabelle Célestin-Lhoipiteau, présidente de Health United, la mise en place de coordinateurs du parcours de santé et un élément clé du lien pluridisciplinaire. Health United est une association de promotion et de développement de la santé intégrative. Elle soutient le label Human First qui met l’humain au cœur de la santé.
Le patient au centre de la médecine intégrative.
Pour qu’il puisse devenir acteur de sa santé et de sa guérison, le patient doit devenir expert. Son éducation à la santé, à la connaissance du fonctionnement de son corps et de son mental, des éventuelles pathologies le concernant, est indispensable à une bonne prise en charge.
L’expérience du patient est également un élément primordial. Selon le témoignage d’un autre patient expert : « l’expertise du voyage avec mon cancer dépasse de loin mon expérience professionnelle ». Les études statistiques ont fabriqué des patients virtuels difficiles à retrouver dans la vraie vie. Chaque personne a son vécu de la maladie. Le cancer en est un bon exemple. Chacun vit son cancer et peut se donner les moyens de retrouver une bonne santé. La prise en charge doit être individuelle et globale : l’humain dans son environnement.
Selon le Dr Irène Nègre, responsable du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur à l’hôpital Bicêtre, les émotions sont incarnées. Elles permettent de penser et de s’adapter à son environnement. De ce fait, le soin sans tenir compte des émotions est impossible. Alors, l’abord exclusif par le tout médicament est remis en cause. Le cerveau a une histoire et de nombreuses études dans le domaine de la douleur le montrent.
Place de l’homéopathie dans la médecine intégrative.
Le colloque santé intégrative a fait la part belle à l’homéopathie. Cette thérapeutique est présente dans plus de 30 consultations hospitalières dont certains services anticancéreux. Elle se pratique dans un contexte pluridisciplinaire et avec pour objectif une écoute des besoins du patient et l’analyse des possibilités de l’homéopathie en réponse à ces demandes. Les médecins généralistes, les sages femmes et les pharmaciens formés à l’homéopathie l’utilisent quotidiennement en complément des possibilités conventionnelles.
La médecine intégrative et son évaluation.
Compte tenu de la prise en charge de l’humain dans sa globalité et son environnement, l’évaluation des thérapeutiques complémentaires ne peut se résumer à l’étude randomisée versus placebo. Une méthodologie spécifique, tenant compte des données qualitatives doit être étudiée. Mais la France est en retard et les financements visant à évaluer les thérapeutiques complémentaires tardent à venir.
La médecine intégrative et son enseignement.
Depuis peu, une ébauche d’information sur la médecine intégrative (3 à 8 heures par an), reconnue par la conférence des doyens, se développe dans les facultés de médecine. Selon le Pr Julien Nizard, Président du Collège Universitaire des Médecine Intégratives et complémentaires, le projet reste difficile à développer dans la formation des professions paramédicales (infirmières, kinésithérapeutes, psychologues).
Nous pouvons envisager une pensée intégrative qui allie des thérapeutiques complémentaires et le lien pluridisciplinaire en vue d’un meilleur soin du patient. La science médicale se doit d’être curieuse, créative et au service de l’humain.
Les valeurs et questionnements exposés durant ce colloque sont en phase avec notre vision homéopathique de la santé.
La médecine de demain sera intégrative ou insuffisante !
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